Liquid Gold
Chorégraphie, performance Lucy Suggate
Musique Woods, Bon Iver
Technique Jonathan Hartshorn
Iron Lady
Chorégraphie Lucy Suggate
Performance Charlotte Spencer
Musique Symphonie n°3, Henryk Górecki
Technique Jonathan Hartshorn
FR Dans ces deux solos féminins, Lucy Suggate explore le corps tel qu’il s’offre dans la culture populaire, celui du spectacle, brillant, qu’elle pousse dans des extrémités lui donnant alors un autre sens et une autre texture. Ainsi dans Liquid Gold, la chorégraphe livre, sur la chanson de Bon Iver, Woods, un solo reptilien et futuriste, dans lequel son corps se coule gracieusement et lentement dans le rythme, d’abord sur place puis en prenant possession du plateau, lorsque la chanson se redouble elle-même. Vêtue d’une combinaison dorée, elle oscille langoureusement, voluptueusement, comme si son corps entier devenait liquide, sa colonne vertébrale ondulant, fluide, et produisant un mouvement fascinant et hypnotique. Dans Iron Lady, changement de registre puisque Charlotte Spencer, en culotte et soutien-gorge, très maquillée, les ongles longs et rouges et le corps recouvert de paillettes, le regard fixe et hypnotisé comme obéissant à une injonction absente, est d’abord immobile, semblant affronter un public, comme sur l’estrade d’un championnat de bodybuilding. Accompagnée de la Symphonie n°3 de Górecki, dite Symphonie des complaintes, elle opère des micromouvements, tournant sa tête à droite, à gauche, puis respirant de manière à dessiner sa cage thoracique, comme si elle déclinait au ralenti les figures classiques de la bodybuildeuse, les rendant dès lors étranges, absurdes, désincarnées, et légèrement grotesques, d’autant que la musique fait songer tour à tour au suspense des films noirs et à la prière religieuse – le deuxième mouvement de la symphonie évoque des invocations à la Vierge Marie retrouvées sur le mur d’une prison de la Gestapo dans le sud de la Pologne. Au-delà de leurs différences, de l’un à l’autre solo, Lucy Suggate explore ainsi, derrière l’or et les paillettes, les ambivalences du corps contemporain : entre mécanique et sensualité, entre plaisir hypnotique et étrangeté, entre émerveillement et effroi, entre virtuosité et aveuglement.
EN Solo performance Liquid Gold is a visual delight, a sensual and intricate solo where the performer embarks on a luxurious transformation. With liquid limbs and a spine like treacle the body becomes fluid in expression, articulation and thought. In Iron Lady, Lucy Suggate investigates Female bodybuilding, the esthetics, the process of physical transformation and when awe turns grotesque. Tapping into themes and female vanity and notions of femininity.